mardi 28 octobre 2014

La ballade des pendus, François de Montcorbier dit Villon (1431-1463)






Ce poème est lu le plus souvent comme un poème autobiographique. 
Villon a eu des démêlés avec la justice et a été une fois condamné à mort, 
il a été gracié. Peu  après cette affaire où il échappe à sa pendaison, 
on perd sa trace. Pendant longtemps, on  a voulu croire que Villon a composé
 ce texte dans sa prison dans  l’attente de sa pendaison... 
Le  titre : dans certains manuscrits, il est appelé « L’épitaphe Villon » 
et dans d'autres « La Ballade des pendus ».
Dans ce poème, on donne la parole à des pendus fictifs, des suppliciés,
qui revendiquent le lien fondamental qui les unit à tous les êtres humains ...




La Ballade des pendus   
  
Frères humains, qui après nous vivez,
N'ayez les coeurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
Vous nous voyez ci attachés, cinq, six :
Quant à la chair, que trop avons nourrie,
Elle est piéça dévorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
De notre mal personne ne s'en rie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Se frères vous clamons, pas n'en devez
Avoir dédain, quoique fûmes occis
Par justice. Toutefois, vous savez
Que tous hommes n'ont pas bon sens rassis.
Excusez-nous, puisque sommes transis,
Envers le fils de la Vierge Marie,
Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l'infernale foudre.
Nous sommes morts, âme ne nous harie,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

La pluie nous a débués et lavés,
Et le soleil desséchés et noircis.
Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés,
Et arraché la barbe et les sourcils.
Jamais nul temps nous ne sommes assis
Puis çà, puis là, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charrie,
Plus becquetés d'oiseaux que dés à coudre.
Ne soyez donc de notre confrérie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Prince Jésus, qui sur tous a maistrie,
Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie :
A lui n'ayons que faire ne que soudre.
Hommes, ici n'a point de moquerie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre





  




Commentaire:




 Et un tout petit poème

pour tous mes élèves

 ...

«Hé! Dieu, se j'eusse estudié,
Ou temps de ma jeunesse folle,
Et a bonnes meurs dedié,
J'eusse maison et couche molle,
Mais quoi? Je fuyoie l'escolle,
Comme fait le mauvais enfant.
En escripvant cette parolle,
A peu que le cuer ne me fent.»
 François Villon, Le Testament.






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