jeudi 18 septembre 2014

Stances à Marquise, Pierre Corneille (1606-1684)











De Pierre  Corneille on connaît bien l'oeuvre théâtrale et
on admire ses personnages au courage exemplaire comme
Le Cid ou Horace, mais on oublie qu'il a aussi écrit des poèmes
 d'amour comme ces Stances à Marquise (Thérèse Gorla),
épouse du comédien Du Parc et comédienne de talent,
courtisée par nombre d'artistes La Fontaine, Corneille,
Molière, Racine..

L'histoire raconte qu'elle est morte empoisonnée le 13 décembre 1668 dans des circonstances mystérieuses..


Marquise, si mon visage
A quelques traits un peu vieux,
Souvenez-vous qu’à mon âge
Vous ne voudrez guère mieux;

Le temps aux plus belles choses
Se plaît à faire un affront,
Et saura fâner vos roses
Comme il a aridé mon front.

Le même cours des planètes
Règle nos jours et nos nuits :
On m’a vu ce que vous êtes.
Vous serez ce que je suis.

Cependant j’ai quelques charmes
Qui sont assez éclatants
Pour n’avoir pas trop d’alarmes
De ces ravages du temps.

Vous en avez qu’on adore,
Mais ceux que vous méprisez
Pourraient bien durer encore
Quand ceux-là seront usés.

Ils pourraient sauver la gloire
Des yeux qui me semblent doux,
Et dans mille ans faire croire
Ce qu’il me plaira de vous.

Chez cette race nouvelle
Où j’aurai quelque crédit,
Vous passerez pour belle
Qu’autant que je l’aurai dit.

Pensez-y, belle Marquise:
Quoiqu’un grison fasse effroi,
Il vaut bien qu’on le courtise,
Quand il est fait comme moi.




Pour lui reprocher son indifférence, Corneille retrouve la leçon
de Ronsard (Quand vous serez bien vieille ...)

la beauté ne dure qu'un moment, la gloire  du poète seule est gage d'éternité:

Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
Assise auprès du feu, dévidant et filant,
Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant :
Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle.

Lors, vous n’aurez servante oyant telle nouvelle,
Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
Qui au bruit de mon nom ne s’aille réveillant,
Bénissant votre nom de louange immortelle.

Je serai sous la terre et fantôme sans os :
Par les ombres myrteux je prendrai mon repos :
Vous serez au foyer une vieille accroupie,

Regrettant mon amour et votre fier dédain.
Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain :
Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie.
— Sonnets pour Hélène, 1587

   

Brassens reprend les trois premières strophes
des Stances à Marquise de Pierre Corneille
et y ajoute la quatrième plaisamment composée
par Tristan Bernard










Marquise, si mon visage
A quelques traits un peu vieux,
Souvenez-vous qu'à mon âge
Vous ne vaudrez guère mieux.

Le temps aux plus belles choses
Se plaît à faire un affront:
Il saura faner vos roses
Comme il a ridé mon front.

Le même cours des planètes
Règle nos jours et nos nuits:
On m'a vu ce que vous êtes;
Vous serez ce que je suis.

Peut-être que je serai vieille,
Répond Marquise, cependant
J'ai vingt-six ans, mon vieux Corneille,
Et je t'emmerde en attendant.


Commentaire à lire impérativement!









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